EXPERIENCE D'AIDE : AIDER LES SUICIDAIRES, QUE FAIRE ( page 8 ) Participation à SOS Suicide
MORT DE SOS SUICIDE
SOS est mort avec Franck en 2005, car Franck avait un gros défaut, il était orgueilleux. Il m’a dit un jour qu’il avait reçu une mission divine : c’est lui qui vaincrait
le suicide en France Quand ses moyens physiques ont baissé, il a essayé de trouver un successeur, mais il aurait fallu que ce dernier lui obéisse au doigt et à l’œil.
Ca n’a pas marché et SOS a disparu.
Combien SOS SUICIDE a sauvé de personnes suicidaires ?
On m’a parfois posé la question : « combien de personnes SOS SUICIDE a sauvées ?». La réponse est quasiment impossible.
Rarement vous savez si la personne au bout du fil est vraiment décidée à se détruire. Certains peuvent simuler pour justifier d’appeler au standard de SOS.
D’autres paraissent moins décidés, mais les expériences que j’ai pu avoir hors de SOS montrent que le suicide touche des gens que l’on ne soupçonnerait pas.
Combien de parents surpris par le suicide de leur enfant, de jeunes par leur camarade de classe, d’adultes par leur voisin ou collègue ?
Mais aussi, vous avez peu de nouvelles des personnes que vous avez essayées d’aider. Comme dans le miracle de la guérison des dix lépreux, et dont un seul reviendra
rendre grâce, les appelants qui reprennent contact pour donner de leurs nouvelles ne sont pas légion.
Combien d’appelants ont été persuadés de renoncer à l’autodestruction : quelques dizaines, quelques centaines ou quelques milliers ? Le seul fait certain, c’est que
les appels furent tellement nombreux que Franck du rapidement investir dans quatre à cinq lignes pour pouvoir y répondre. Sur dix-huit ans, cela fait beaucoup,
autour de 200 000 appels.
Suicide contagieux
De toute façon le problème ne se pose pas de cette manière. Le suicide est une maladie contagieuse. Franck ne l’a pas mentionné, mais la jeune Claude dont il s’est
toujours senti responsable du suicide, elle ne l’a pas fait seule. Elle a suivi l’envie d’une de ses amies. Franck lui-même m’a avoué que s’il n’avait pas créé SOS
SUICIDE pour se « racheter », soit il serait devenu fou, soit il se serait suicidé à son tour. Demande-t-on à un médecin qui lutte contre une épidémie combien de personnes
a-t-il soignées, ou à combien de gens a-t-il évité d’être atteint ?
Il suffit d’avoir essayé de récolter des dons ou des subventions pour une association contre le suicide pour comprendre que les suicidaires sont mal perçus par le reste de
la société. Faites l’expérience : demander s’il faut aider les suicidaires ou les aveugles. Presque tout le monde choisira les aveugles. La position envers les suicidaires
oscille entre le mépris (c’est de leur faute, ils se regardent le nombril, moi aussi j’ai des problèmes mais je les surmonte) et la culpabilité, notamment quand on a connu
un suicidé (j’aurais pu, voir du, faire quelque chose). Un aveugle c’est plus simple, sa situation n’est ni de sa faute, ni de la mienne. Celui qui a réussi à ce sortir de
cet enfer de désespoir, sera parfois plus attentif, plus compréhensif pour l’autre en détresse et saura trouver les quelques mots ou attentions qui permettront d’éviter le
drame. J’en ai eu plusieurs exemples, c’est pourquoi je crois fortement à cette réaction en chaîne. C’est une des forces de Franck d’avoir eu peur de se suicider, cela le
rendait plus proche des appelants, le mettait à égalité avec eux. En partie grâce à ça, il a toujours été le plus efficace des écoutants de SOS.