EXPERIENCE D'AIDE : AIDER LES SUICIDAIRES, QUE FAIRE ( page 2 )
Participation à SOS Suicide

COMMENT COMBATTRE L'ENVIE SUICIDAIRE 24H SUR 24


Comment répondre aux suicidaires ?

Tout s’éclaira quand Franck me montra le fonctionnement du standard. Au début lui et sa femme étaient seuls à répondre avec une troisième écoutante. Or pour Franck, SOS SUICIDE était un service d’urgence et devrait être disponible 24H sur 24. Il n’était pas question de laisser sans réponse un appelant en pleine idée suicidaire, ou déjà en train d’agoniser. Pour assurer ce combat 24h/24, ils s’épuisaient tous les deux. Le succès venant, il devint indispensable d’augmenter le nombre de lignes. Tout de suite il avait été conscient de la difficulté de faire venir des écoutants à Fresnes.

idée originale contre idées suicidaires

Comment faire ? Franck opta pour une solution originale : les écoutants resteraient chez eux et SOS Suicide leur transfèrerait automatiquement les appels depuis le 666 66 66. C’était une idée génialement pratique : vous aviez quelques heures de libres, il suffisait de l’appeler et il dérivait une ligne. La nuit vous pouviez faire une permanence depuis votre lit !! Il suffisait d’une seule personne au standard pour organiser les déviations. Franck, retraité, l’assurait avec sa femme plus jeune mais sans emploi.

Difficultés rencontrées

En contrepartie de cet avantage extraordinaire, ces renvois lui posaient deux soucis : Les écoutants étaient isolés chez eux, ils étaient moins contrôlables. C’est plus tard que je compris pourquoi il m’avait tant questionné ce premier jour : il essayait de me jauger. Franck redoutait de se faire infiltrer par des dragueurs ou d’autres qui auraient envie de profiter de la faiblesse de suicidaires. C’était déjà arrivé une fois. Heureusement ces choses-là se savent vite et il avait pu réagir très rapidement.
L’autre problème était le coût des renvois téléphoniques, nous étions avant la déréglementation des télécoms. Avec le succès plusieurs lignes étaient simultanément renvoyées chez les écoutants. Franck s’y ruinait, mais pour lui les dépenses ne comptaient pas quand il fallait combattre le désespoir.

Répondre quand je voulais depuis chez moi était tellement pratique, que je demandais le jour même à Franck de me former.