Nous arrivons à la séance de la parabole de l’enfant prodigue. J’avais décidé de finir le thème du jugement qui y est repris,
et sur une nouveauté, l’amour.
Nous allions entamer comme d’habitude par la lecture, quand Amaury me dit :
- « je connais, c’était l’Evangile à la messe, il y a trois semaines.»
- « tu vas à la messe !! »
- « oui j’ai repris il y a un mois. »
Sur le jugement, je l’interroge sur le comportement du deuxième fils. Beaucoup de monde s’arrête au niveau de la jalousie. Mais si tel était le cas, il
s’en prendrait à son frère, comme Caïn avec Abel. Non c’est contre son père qu’il se dresse. Il rejette sa notion de bien et de mal, fondée sur l’amour.
Il juge le comportement de son père injuste, et veut imposer sa propre conception du bien et du mal, fondée sur une justice humaine. Et le Christ montre
qu’en jugeant son père, il s’auto exclut du paradis, symbolisé par la fête. Le jugement sur son père est décrit comme le chassant du paradis plus
fortement que l’indifférence du premier fils. Je lui demande si ce n'est pas le comportement de la plupart des gens.
J’aborde le thème de l’amour en lui demandant pourquoi le fils prodigue revient. Ca saute aux yeux que ce n’est pas suite à de grands sentiments, mais
c’est l’envie de manger, de sortir de sa souffrance. Mais je fais réaliser à Amaury que le fils s’est aussi remis en question : Il a compris que son
comportement n’a pas été correct, il est devenu humble. On ne peut pas parler d’amour, mais quand même pour la première fois il considère son père
autrement qu’un distributeur automatique.
Aimer ou vouloir être aimé ?
Pour finir, je lui sors une phrase préparée :
- « Nous les hommes, nous confondons souvent aimer et envie d'être aimé »
J’espérais que cette phrase l’interpelle, mais je ne m’attendais pas au choc que j’allais provoquer chez lui. Tout de suite, me dira-t-il plus tard,
il saisira que cette confusion est grandement à l’origine des problèmes dans sa famille. Le plus étonnant, quand je verrai plus tard son père en
tête-à-tête, la même phrase produira le même effet. A tel point que le père ira vers Amaury pour en parler.
Avant de nous quitter, Amaury me parle de la passion que le Christ a bien voulue. Je lui réponds que le Christ a désiré l’éviter, il n’y est pas allé par
plaisir. Il paraît étonné. Je lui conseille de lire le passage du jardin des oliviers.