EXPERIENCE D'AIDE : ADO DÉSCOLARISÉ ( page 4 )
D'une longue déscolarisation à la mention Très Bien

PREMIERS CONTACTS AVEC L'ENFANT DESCOLARISÉ

Valoriser la déscolarisation d'Amaury !!

Comme convenu, les parents m’invitent un dimanche à déjeuner dans leur résidence secondaire avec leurs enfants. Coup de chance, Amaury accepte de quitter sa chambre et de déjeuner avec nous. Comme par « hasard » je me retrouve assis à côté de lui. Je veux éviter de donner l’impression d’être là seulement pour m'occuper de lui et je fais attention à participer souvent à la conversation générale. Cela permet aussi de confirmer que je connais bien son père depuis des années. Mais régulièrement j’essaye d’entamer la conversation, c’est facile, je suis sensé ne rien connaître de lui, il suffit de le questionner :

- « qu’est ce que tu as envie de faire comme métier ? » (A 18 ans, Amaury n'est plus mineur et il est normal qu'il se pose ce genre de question)
- « je me suis inscrit dans une école d’horticulture, j’aimerais m’occuper de jardins. » (ses parents pensent qu'il refusera d'y aller au dernier moment, comme d'habitude)
- « J’ai un cousin qui s’est lancé dans ce secteur » (c’est même vrai !). « C’est un bon choix, il y aura de plus en plus de demandes, et tu ne risques pas la concurrence internationale ! Les citadins paient généralement bien, mieux en tout cas que les campagnards. En plus dès que tu auras acquis de l’expérience tu pourras créer ta propre PME. » Amaury savait que j’avais fait une grande école comme son père, il semble étonné que je trouve son projet intéressant, avec même des perspectives. Je lui explique que dans la finance, j’ai opté pour l’indépendance et j’ai choisi un créneau où on pouvait lancer une petite structure, ce que j’ai fait avec quelques associés, contrairement à son père qui avait préféré être employé dans un grand groupe. « Si tu te lances, tu ne le regretteras pas. » Là, exprès, j’ai un peu forcé la dose : lui dire qu’il pourrait faire ce que son père n’avait jamais osé, quand on connaît la carrière de ce dernier !!
De plus son père est très reconnu dans un certain milieu associatif auprès des jeunes. C’est à cause de cette image de père « parfait », que j’ai voulu qu’Amaury sente que sur certains points il peut faire « mieux » que lui, qu’il n’est pas destiné à faire toujours moins bien. Pour un enfant, il est souvent dur de se dire qu'on fera "moins bien" que ses parents.

Je le questionne de temps en temps sur divers sujets, comme ses activités favorites, en faisant toujours attention à valoriser ses choix. Je tente le sujet religieux : « comment tu vois Dieu ? », mais il rejette la question et je n’insiste pas.

Difficulté d'entrer dans le coeur du sujet

Quelques semaines plus tard, je suis retourné en visite avec ma femme. Amaury accepte d’être là. De sa part, ça prouve qu’il a plutôt apprécié notre première rencontre. « Par hasard » nous nous retrouvons seuls ensembles. De temps en temps je parle de difficultés que j’ai eues dans ma jeunesse. Par exemple, petit j’étais nerveux et j’avais beaucoup apprécié le Judo. Je savais qu’il trouvait un défouloir dans le Taekwondo, et par ce biais il me parle un peu de ses problèmes. Mais je n’arrive pas à trouver le déclic, faire qu’il sente qu’il puisse réussir à prendre son destin en main.

Je me retrouve devant un problème : La résidence secondaire où il loge est loin, deux heures de voiture, quatre avec le retour. Il va être difficile de continuer. D’autre part, je sens qu’Amaury commence à se demander pourquoi ce « vieil ami » qui n’était jamais venu, éprouve un tel besoin de faire ce trajet, juste pour un après-midi, et pour surtout causer avec lui. Je me souviens de mes difficultés à SOS quand les appelants étaient dans un état moyen. En fait Amaury a trouvé à la campagne un état d’équilibre, médiocre, mais qui lui suffit. Je dis aux parents que je ne peux rien pour l’instant, mais qu‘ils me préviennent si son état empire, je m’arrangerais pour arriver très vite.