Dans la Bible, passage d'un Dieu de justice selon l'ancien testament à un Dieu d'amour
La fois dernière nous avions lu la chute d'Adam et Eve pour comprendre quelle est la justice de Dieu que percevaient les hommes de l'ancien testament.
J'avais demandé à Yvette de lire l'Enfant Prodigue juste après, afin de passer de la justice à l'amour de Dieu, lui faire saisir tout
l'écart entre Sa justice et la justice humaine sur terre.
J’attends avec impatience ses commentaires, mais quand enfin nous nous rencontrons de nouveau, je suis ébahi : elle me raconte l’enfant prodigue, comme si c’était une histoire vraie.
J’avais oublié qu’elle n‘avait jamais lu un Evangile, j’aurais du lui expliquer ce qu’est une parabole !! J’attends par politesse qu’elle ait fini et lui explique le principe de ce
genre littéraire.
Pour la première fois, je la vois changer d’aspect, quelque chose l’a visiblement frappée, mais elle ne m’en parle pas. Je reste discret. Depuis sa deuxième tentative de suicide,
Yvette a accouché d’une petite fille. Une de ses plus grandes craintes est que sa fille l’abandonne aussi un jour. Sent-elle que dans cette rupture entre le fils et le père, c’est
ce dernier qui souffre d’abord ? Yvette n’est toujours pas bavarde – je me dis que ça ne va pas être facile ce parcours !! Pour essayer de provoquer une réaction, je lui demande
pourquoi je lui ai fait lire ce texte juste après « la chute d'Adam et Eve », si elle y voit des points communs et des divergences. Mais Yvette reste toujours assez discrète.
Je suis donc obligé de le faire moi-même, de lui expliquer l'extraordinaire ressemblance entre ces deux textes : même début (Dieu et les hommes ensembles), même rejet de Dieu par
l'homme qui plonge dans le malheur, la souffrance ... Autant le comportement de l'homme est identique, autant celui de Dieu est différent. Dans la parabole, il ne punit pas !! c'est
l'homme qui s'enfonce lui-même dans le malheur. (Lire : Richesse de la parabole de l'enfant prodigue ).
De plus Dieu n'a qu'un objectif : que l'homme revienne partager son bonheur, le paradis lui reste ouvert !! A la fin de notre
échange, je lui fais part de deux remarques. Ni Adam, ni Eve, ni le fils prodigue, ni son frère quand ils sont au « paradis » n’aiment Dieu, malgré tout ce qu’il fait pour eux.
Au mieux ils se contentent de lui obéir. La seconde remarque porte sur le deuxième frère. Il a toujours obéi à son père, mais lorsqu’il ne va pas comprendre un de ses comportements
– l’amour infini qu’il porte à ses fils – il va se rebeller contre Lui. J’explique à Yvette que ce passage annonce la Passion, où le Christ va être de même rejeté par ceux sensés
être les plus croyants. J'introduis ainsi notre prochaine lecture.
La nuit où j’ai prié pour établir ce parcours, si j’ai choisi d’associer ces deux textes, c’est à cause d’une impression étrange que j’ai eu, celle que l’enfant prodigue était un
« remake » par Jésus de « la chute d'Adam et Eve», mais où le Dieu de justice de l'ancien testament est devenu un Dieu d’amour. Et pour moi ces deux « paraboles »
illustrent le mieux la progression apportée à la révélation par le Christ.
Fils de Dieu
Je n’étais pas au bout de mes surprises. En parlant du Christ, j’ai utilisé l’expression « Fils de Dieu ». Elle prend la parole :
- «Ah non, Jésus n’est pas le fils de Dieu, c’est un prophète »
- Tu es sure que ta famille est catholique ? répondis-je
- Oui, mais j’ai été élevé en partie par des amis musulmans.
Je n’ai pas insisté. En effet je pense que le mystère de la Trinité ne peut s’admettre que si on croit à un Dieu amour. Ca n’avait pas de sens de parler de la Trinité au stade
où nous étions. C’est dommage pour une fois qu’Yvette exprimait avec conviction un point théologique ! Alors nous avons continué, moi croyant au Fils de Dieu, elle à un simple prophète.