Moi qui voulait faire ressentir l'amour de Dieu à Yvette, j’arrivais au texte de « La Chute d'Adam et Eve» avec une certaine appréhension.
Je l’avais choisi pour aborder ce problème de "punition divine" que je pensais important dans le cas d'Yvette. N'avait-elle pas fait sa TS une Bible à la main.
Il pouvait être risqué de faire lire, à quelqu’un qui a beaucoup souffert jusqu'à faire une TS, un texte justifiant la souffrance et la mort comme une punition méritée.
Mais je savais qu’Yvette ne connaissait de la Bible que l’Ancien Testament, et fuir cette approche me paraissait encore plus risqué. Si j’avais commencé par des textes
de l’Evangile parlant de l’Amour infini de Dieu, elle aurait pu être complètement perdue, les rejeter car n’ayant rien à voir avec ce qu’elle connaissait.
J’ai préféré partir de ce qu’elle savait déjà, elle pourrait cheminer, comprendre cette progression entre l'ancien et le nouveau testament.
Aspect aussi important, il lui serait plus facile de participer.
Après sa lecture du texte, je lui demande ce qu’elle en pense, Mais Yvette est encore un zombie, il faut la questionner, ce qui m’entraîne à diriger le débat. Je lui explique que ce texte
est du même style que les deux précédents sur la création, cette histoire est là pour nous signifier quelque chose, comme une parabole.
Yvette n’a pas de grandes connaissances historiques et géographiques sur le monde biblique, je lui raconte que le peuple juif était un petit peuple dans un petit pays,
grand comme seulement 4 départements français. Il était entouré de nombreux peuples qui croyaient en plusieurs dieux. Beaucoup pensaient que la souffrance et la mort avaient été
créées par méchanceté de ces dieux.
Dieu de la Bible si dur que ça ?
Je dirige le débat sur les qualités de Dieu que ce récit a voulu faire ressortir. Puis je conclus sur la façon dont je le ressens. La semaine dernière, le texte racontait qu’Il avait
créé un monde bon, celui d’aujourd’hui veut nous dire que le mal n’a pas été créé par Dieu mais introduit par l’homme, que la souffrance vient de ce que l’homme a brisé l’entente
avec Lui en voulant prendre sa place (vous serez comme des dieux). Nous remarquons qu’Il n’a pas attiré l’homme par surprise dans un piège puisqu’il l’a prévenu. Dans ce récit,
lui dis-je, le peuple juif, confronté à la croyance courante de dieux méchants, s’y est opposé pour retenir la thèse d’un Dieu bon et juste. A leur époque, le monde était plus dur
qu’aujourd’hui, les punitions étaient très sévères, souvent la mort, l’esclavage et même la mort d’un de tes enfants. (Si un architecte a construit pour un homme une maison et ne l’a pas
faite assez solide ; si la maison s’écroule en tuant le maître de maison, l’architecte sera mis à mort. Si le fils du maître a été tué, on tuera le fils de l’architecte.
Extrait du code d’Hammourabi). Justice signifiait dureté, et la justice de Dieu expliquait la dureté de la vie sur Terre.
Mais je lui fais relire une phrase à la fin du récit : « L'Éternel Dieu fit à Adam et à sa femme des habits de peau, et il les en revêtit ». Etrange phrase où Dieu a pitié de l’homme,
Il n’abandonne pas l’homme et lui fait un cadeau pour adoucir sa peine, un peu comme s’il regrettait de l’avoir puni. Comme si l’auteur du texte ne pouvait croire à un Dieu si dur que ça.
Et je la préviens que tout l’Ancien testament va, comme ce texte, hésiter entre un Dieu puissant et dur, et un Dieu plein de douceur.
Au moment de partir, pour qu'elle saisisse ce que Jésus a apporté comme réponse à cette question de "punition divine", je lui demande de lire la parabole de l’enfant prodigue et
de me dire lors de notre prochaine réunion ce qu’elle en a pensé, J’espère ainsi moins diriger le débat.