Nous arrivons au moment crucial, Les deux autres séances n’avaient été que préparatoires à celle-ci. J’ai tout misé sur ce moment, ma sortie de dépression
s’était produite brutalement grâce à une souffrance de la Passion que j’avais vécue. Mais dans la Passion, les douleurs du Christ ont été nombreuses.
Impossible de savoir à l’avance laquelle peut provoquer le même déclic pour
Yvette. Une seule solution : lui faire lire l’intégralité du récit. De plus il faut que le contact soit direct, je me promets de ne pas intervenir durant toute la lecture.
Yvette arrive, et déjà première surprise, elle prend d’emblée la parole : « tu sais, j’ai compris que Dieu ne fait pas les choses à notre place, mais qu’il nous donne les moyens de
les faire ». Là c’est moi qui suis pris au dépourvu. A t-elle trouvé ça grâce aux textes que nous avons étudiés ou aux vies de saints en bande dessinée que je lui ai prêtées ?
Plus tard, plus j’ai réfléchi, plus j’ai trouvé cette phrase profonde.
Souffrir d'être renié
Nous commençons la lecture et arrive ma deuxième surprise : Nous ne sommes qu’au milieu de la Passion, au moment du reniement de Pierre, et voilà qu’elle s’écrie : « Tout y est ! ».
Sur le coup je ne comprends pas, nous n’étions même pas arrivés aux épreuves les plus dures de la Passion. Mais je vois que son visage a brutalement changé. Son air de
zombie a subitement disparu. Je préfère toutefois
finir la lecture avant de lui demander des explications. A mon grand étonnement, Yvette se met à me questionner plusieurs fois, et uniquement sur le passage où Pierre
renie trois fois Jésus. Je suis bien embarrassé car je n’avais jamais perçu ce passage comme une grande blessure. Mais Yvette me dit :
« tu sais, là, Jésus il a beaucoup souffert.»