COMMENT AIDER UN AMI PROCHE DEPRESSIF SUICIDAIRE : AGIR PAR LE BAS


L'envie d'aider des dépressifs en agissant par le haut, c'est à dire leur dicter les bonnes solutions pour les aider, est extrêmement forte. N'est-ce pas la méthode la plus simple et rapide, puisque nous, nous savons comment faire contrairement à notre ami dépressif suicidaire, la bonne solution nous la connaissons. Cette idée, ancrée dans nos esprits, nous l'appliquons très souvent en abreuvant de conseils nos proches dépressifs.

Aider en dictant ?

Mais quand on regarde par exemple l'exemple d'ONG, de nombreuses ont commencé à vouloir aider de cette façon, puis on finalement changé de méthode. Quand j'étais jeune, j'ai été frappé par une conférence d'une association humanitaire. Lors de leurs premières actions dans des régions pauvres, ils avaient voulu enseigner des solutions pour améliorer la vie des populations locales. Les expériences ont été très décevantes. Leurs solutions étaient au mieux appliquées tant qu'ils étaient là à fournir une aide matérielle, mais après leur départ, il ne restait plus grand chose de leurs actions. Que faire pour éviter de tels fiasco ? ils ont donc régis en adoptant une nouvelle méthode : ils demandaient aux populations de commencer à agir, et alors seulement ils venaient les appuyer.

Regardez les enfants : quels sont les jouets dont ils ont le plus longtemps envie ? Ce sont le plus souvent des jouets où ils participent à leur élaboration. D'où le succès des jeux de construction. Nous sommes beaucoup plus attachés aux actions où nous avons contribué. C'est pourquoi, même si faire participer les gens à l'élaboration d'une solution paraît moins efficace car plus longue et peut-être pas aussi parfaite que celle que nous avions imaginé, ce mode d'aide est en fait beaucoup plus efficace car durable.

Aider un ami proche dépressif à sa place ? ou le laisser découvrir lui-même ?

Pour les personnes dépressives, en état de sous-estimation, cette méthode peut être encore moins supportable. Montrer sa supériorité, c'est risquer d'augmententer leur mépris pour eux-même. Mais alors que faire ? Mes interventions les plus efficaces ont été des remarques courtes, des comparaisons simples (comme celle de l'oiseau en cage - voir Site satanique);, où lui peut participer à la réponse. L'idéal est le style de la parabole dans les évangiles, où Jésus raconte une petite histoire très courte, et c'est à son interlocuteur d'en comprendre le sens. Il en est valorisé. Le fait de ne pas lui donner toute l'explication l'oblige à participer.
Comme dans le cas de l'ONG, mieux vaut une solution partiellement constituée par votre interlocuteur, même si elle ne correspond pas exactement à la votre, qu'une solution dictée "parfaite" pour vous. La première aura un effet durable, la seconde risque de n'être qu'un feu de paille.

Et si les dépressifs savaient mieux que vous une partie de la solution à leur état ?

Une autre raison vient renforcer l'intérêt de cette façon d'aider. La solution que vous avez imaginée risque de correspondre à votre cas personnel. Elle aurait été la plus efficace pour vous. Mais souvent la personne dépressive que vous vouliez aider trouvera une solution bien plus adaptée à sa personnalité. Le cas le plus fort que j'ai eu, c'est avec ce jeune déscolarisé, en dépression (voir Ado déscolarisé), personne ne savait plus que faire, et c'est lui qui a trouvé la solution à ses problèmes. Etant ultra perfectionniste, il s'est orienté vers la comptabilité, matière où la solution n'est pas perfectionnable à l'infini, contrairement au juridique que ses proches lui conseillaient.

Mes expériences personnelles m'amènent à penser que finalement l'idéal, si vous avez envie d'aider quelqu'un de dépressif, voir suicidaire, c'est de se comporter comme un catalyseur. Un catalyseur, en chimie, c'est une substance qui provoque le déclenchement d'une réaction, mais qui dans l'équation de la réaction n'apparaît pas. En effet elle n'est pas absorbée par les autres composants, on la retrouve telle quelle en fin de réaction. Comme si elle n'était pas intervenue.