QUELLES PRIERES EVITER QUAND ON EST UN DEPRESSIF SUICIDAIRE ?
Suicide : prière imparfaite ...
Quand on est en dépression et qu'on pense au suicide, je le sais par expérience, nos prières sont surtout centrées sur notre souffrance. Combien de temps, sans aucun succès. ai-je passé
à demander à Dieu de faire un petit geste pour me sortir de ce mal ... des années ... Mais il a suffi d'une prière différente pour me sortir définitivement de cet état.
Cette expérience m'a questionné sur la prière et je me suis mis à lire des livres de grands saints. Dans "le Dialogue" de Catherine de Sienne (docteur de
l'Eglise de la fin du moyen âge) j'ai été frappé : celle-ci décrit 5 niveaux de prières dont deux imparfaites. Et le modèle le plus imparfait était cette prière de
demande que je faisais !!!
Plus tard, j'ai essayé d'aider d'autres dépressifs, voire des suicidaires, et leurs prières restaient toujours dans les deux niveaux imparfaits décrits par
Catherine (Le deuxième niveau, moins imparfait, est le fait de prier car on y trouve un réconfort, un mieux-être). Il est facile de comprendre leur imperfection :
ces deux prières ne sont qu'un monologue tourné vers nous-même, vers nos désirs.
... peu adaptée en cas de dépression
Nous, les dépressifs, notre douleur devient notre principal objet de réflexion. Nous finissons par devenir le centre de nos préoccupations. Or ce comportement
est un piège qui augmente notre souffrance, je l'ai assez pratiqué pour affirmer ce résultat. Ne prier que pour nous-même n'e fait que nous enfermer un peu plus
dans ce comportement.
Mais pourquoi Dieu n'exauce-t-il pas ces prières très imparfaites ? Il est difficile de répondre à sa place, mais on peut remarquer que Jésus dans sa parabole
de l'enfant prodigue, nous donne une piste. Tant que ce fils prodigue ne s'intéresse qu'à lui-même, son père n'intervient pas, même quand il sait
que son fils souffre. Mais dès qu'il va vouloir revenir, le père accourt pour le sauver. Or si on relit sa prière, elle comporte une phrase intéressante :
"j'ai péché contre toi". Si la prière du fils est principalement une prière de demande, elle n'est pas que cela. Le fils s'est mis à la place de son père,
il s'est rendu compte de ce que celui-ci a pu ressentir, la souffrance qu'il a pu lui occasionner. Dans cette parabole, Jésus exprime clairement que le père
respecte nos choix : si nous ne désirons que vivre pour nous, il nous laissera cette liberté, même si elle est source de danger, de souffrance. Par contre si nous désirons
nous "réunir" avec Lui, Il est là.
Mais alors, quelle sorte de prière contre la dépression, le suicide ?
Ce qui m'a le plus frappé dans "le Dialogue" de Catherine, c'est que les 3 niveaux supérieurs de prières décrits étaient tous inclus dans la prière qui m'a brutalement
transformé ( cf Présence divine ) . Quand j'ai relu la parabole
de l'enfant prodigue, j'ai aussi retrouvé une partie du 3ème niveau : une prière méditation tournée vers la connaissance de Dieu, vers ce
qu'il peut ressentir. Et quand j'ai fait franchir ce 3ème niveau à deux dépressifs ((voir Envie de mourir que faire
et Ado déscolarisé ), ceux-ci ont été aussi brutalement transformés.
Mais comment s'intéresser à quelqu'un d'aussi infini que Dieu ? Dieu pour nous faciliter la tâche c'est fait homme. La manière la plus abordable, la plus facile, est
de lire les évangiles, où Dieu descendu sur terre nous parle avec notre langage. Et en essayant non seulement de comprendre son enseignement, mais aussi d'étudier
l'exemple qu'il donne, et d'essayer de comprendre ce qu'il a pu ressentir durant cette vie sur terre, de méditer sur son amour.
PS : Je n'ai pas parlé volontairement des 4ème et 5ème niveaux, ceux-ci sont une conséquence du 3ème. Ils ne sont pas programmables, l'exercice du 3ème fait avec ferveur
engendre naturellement le 4ème, parfois le 5ème.