TEMOIGNAGE : MA LUTTE CONTRE LE SUICIDE, la vie du créateur de SOS Suicide
SOS SUICIDE, ENVIE DE SUICIDER QUE FAIRE CONTRE ? A QUI EN PARLER ?
Moyens pour lutter contre l'envie de se suicider
Tout était à faire, et à faire vite. Nous n’avons donc débuté qu’à deux, ma femme et moi. Il nous fallait un numéro ultrasimple : pas question
pour un suicidaire qui cherchait quelqu'un à qui parler, de rater son sauvetage par ce qu’il n’était pas arrivé à mémoriser notre numéro !
Le 666 66 66 était à vendre, nous
l’avons acheté 50.000 F. Comme ce numéro se situait à Fresnes, il nous a fallu déménager. J’empruntais et nous avons acheté un petit trois
pièces dans un immense immeuble. C'est avec ces faibles moyens que nous avons démarré notre lutte contre le suicide, une lutte qui allait durer 20 ans.
A qui en parler pour avoir des bénévoles : spécialistes ou amateurs ?
Petit à petit les appels arrivaient. Un suicidaire ne devait par sonner dans le vide, ma femme et moi nous nous relayions pour tenir le standard
24h / 24. Bientôt il nous fût impossible de répondre seuls aux appels. Je demandais à des confrères de prendre des écoutes. Pour que celles-ci les
dérangent le moins possibles, j’achetais un standard téléphonique qui renvoyaient les appels chez eux. C’était pratique pour eux, mais ruineux
pour moi. En effet les telecoms n’avaient pas encore été dérégulés, et les renvois coutaient très cher. Mais je ne rencontrais pas un grand succès
de recrutement. Il faut reconnaître qu’après une journée d’écoute de patient, on peut avoir besoin de se changer les idées. Aussi me tournais-je
vers des bénévoles amateurs . L’efficacité de leur fraîcheur me surpris,
en effet celle-ci était un atout envers des gens qui souvent avaient parlé à
moult spécialistes et refusaient de continuer.
Subventions ?? quelles subventions ?
Mon association était l’une des rares qui fonctionnait avec ses propres deniers (c’est-à-dire les miens et ceux de quelques amis donateurs). En
effet lorsque j’ai demandé des subventions au ministère de la santé, celui-ci m’a renvoyé à la mairie de Paris, laquelle m’avait répondu qu’elle
n’avait pas vocations à subventionner les associations d’envergure nationale. D’un autre côté, je dois reconnaître que mes demandes de subvention
n’étaient pas spécialement bien rédigées ! On m’avait demandé la comptabilité des derniers exercices, moi à qui les chiffres n’avaient aucune
signification. J’embauchais un CES (Contrat d’Emploi Solidarité) qui les rédigea et les envoya. Je découvris après qu’il avait founi trois exercices totalement
similaires, à part l’année en haut à droite. Il n’avait calculé que la première année, et s’était contenté de photocopier les mêmes feuilles pour
les autres années !! Mais si financièrement l’absence de subvention m’a gêné, moralement elle me mettait à l’aise. Je n’avais pas le sentiment
d’être devenu un employé de l’état.