TEMOIGNAGE : MA LUTTE CONTRE LE SUICIDE, la vie du créateur de SOS Suicide

SUICIDE : TROP TARD, LE MAL EST FAIT

Ouvrir les yeux trop tard

Notre histoire n’était pas une histoire d’amour, mais une très belle histoire d’amitié. Une amitié due à une rare compatibilité. Laquelle cependant, n’avait pas suffi à faire de nous de bons amants. Nous les avions été. Mais un court temps. Elle était tellement plus jeune que moi et j’aurais tellement voulu avoir une fille comme elle. Finalement ce furent nos tendances platoniciennes qui l’emportèrent. Notre amitié devait sa qualité au fait qu’il n’existait pratiquement aucun domaine où notre entente ne fut parfaite. Il est vrai que nous avions fait le même parcours.

Sa mère souhaitait avoir un garçon, elle eut une fille. Elle commença par lui donner un prénom mixte, Claude. Ensuite elle ne manqua jamais une occasion de l’habiller en garçon. Lors d’un bal masqué, elle l’habilla en pompier. Bref l’affection de sa mère lui avait beaucoup manqué. A telle enseigne que, même lorsque celle-ci l’avait admonestée injustement, elle allait quand même lui demander pardon. Mais chaque fois cette mère revêche lui répondait : « trop tard ». Un certain 1er Janvier, celle-ci se ravisa. Pour la première fois elle adressa à sa fille une carte de vœux qu’elle débuta par « ma chérie ». A son tour elle écrivit à sa mère : « trop tard »

Trop tard pour regretter

Quinze jours plus tard, rentrant d’un voyage que, il est vrai j’aurais pu (dû ?) faire avec elle, je trouvais, épinglé sur sa porte, un papier où elle avait écrit « do not disturb ». Sa porte était fermée de l’intérieur, il n’y avait que les pompiers qui pouvaient l’ouvrir. Présentant ce qui s’était passé – car elle n’était pas à son coup d’essai – ce sont les premiers que j’appelais.