TEMOIGNAGE : MA LUTTE CONTRE LE SUICIDE, la vie du créateur de SOS Suicide

SOS SUICIDE: VIVRE C'EST AIMER


COMMENT DECOUVRIR L'AUTRE : AVEC LES ECOUTES SOS SUICIDE

Avec SOS SUICIDE, je m’étais installé dans un nouvel univers qui n’avait plus rien à voir avec celui de la vie quotidienne. En fait on a vanté les mérites des écoutants bénévoles. En ce qui me concerne mes laudateurs se trompaient. J’ai beaucoup aimé ce que je faisais. A la longue je finissais par tout voir amoureusement. J’avais vraiment transposé les sentiments que j’avais pour la petite Claude sur les personnes qui nous appelaient. Elle avait 27 ans quand elle s’est donné la mort. D’une certaine manière, c’est eux qui me rendaient service en m’appelant. Autrement dit, chaque fois que le téléphone sonnait, je savais qu’une nouvelle aventure m’attendait, faite de confrontations, de duels dialectiques, de dons. Un auteur a très bien dit : « à la fin de notre vie il ne reste que ce que l’on a donné », don de son temps, don de son attention, mais aussi don de sa compréhension. Car qui est l’autre ? Question passionnante s’il en est. Une pléthore de gens se croise dans la rue, dans leur ascenseur, sans se regarder. Nous écoutants, chaque fois que nous décrochons le téléphone nous entrons tout de suite dans l’intimité des personnes suicidaires qui nous appellent. Pourtant peut-on dire que ces gens qu’on ne regarde pas sont tous, sans exception, inintéressants ? Je trouve ridicule de s’user dans la critique des autres plutôt que de se réjouir de ce que chacun a de bon en lui. En tout cas la psychologie dit que le contact avec l’autre nourrie le psychisme et la confrontation le muscle. De toute façon parmi ces autres il ne peut n’y avoir que des gens inintéressants ! La découverte de l’autre est une aventure prodigieuse. L’écoute m’a apporté des révélations. Tout ce que j’y ai trouvé a été une surprise. J’y ai trouvé tout simplement l’amour. L’amour de l’autre. Mais ne nous y trompons pas, je n’y ai pas trouvé un amour, mais l’Amour. L’amour de l’autre. Je ne croyais pas que ce fût possible. Quelle richesse ! …

QU'EST-CE QUE VIVRE ?

J’ai cherché longtemps, au travers de nombreuses revues et de livres qui traitaient de ce sujet à savoir si une certaine question avait été posée à diverses gens. Divers par le genre, par les origines, par les cultures. Si des auteurs s’étaient livrés à cette enquête qui consistait à collecter des réponses à la question majeure pour nous, petits humains. Question à la quelle il convenait de répondre par un seul verbe. Vous-même qu’auriez-vous répondu si l’on vous avait demandé à brûle-pourpoint : « Qu’est-ce que VIVRE ? » Et là j’ai fait une découverte, une découverte que j’avais déjà eu l’occasion de faire d’autres fois. Je ne la faisais guère qu’une fois de plus. Il y avait des réponses comme : vivre c’est exister, vivre c’est jouir. Mais je n’aurais jamais pensé qu’il y aurait eu autant de personnes qui auraient répondu « VIVRE c’est AIMER » . Mais alors que disent-ils tous ces grincheux ? Comme si le soleil se levait à l’aube. Je découvrais. Y avait-il donc plus de personnes que je ne le pensais qui savaient ce qu’était l’amour ?