TÉMOIGNAGE : TRANSFORMEE A LOURDES page 1

TÉMOIGNAGE : TRANSFORMÉE DANS LA PISCINE MIRACULEUSE DE LOURDES LORS D'UN PÉLERINAGE


Août 1959 : c'est loin, et pourtant, ce bain à Lourdes il me semble que c'était hier, tellement je suis encore imprégnée par la Grâce de cette immersion qui surgit ce jour-là, dans ma vie de petite-fille mal élevée et insupportable !

Une enfance marginale en France

Pour raison de santé, mes parents avaient dù me faire accepter, exceptionnellement, dans une Colonie réservée aux élèves des Ecoles privées, qui se situait à quelques kilomètres de Lourdes...et à peine le séjour commencé, les Soeurs qui s'occupaient de cette Colonie pour filles des meilleures familles de la Région de Blois , ne savaient plus où donner de la tête, entre mes bavardages inopportuns, mes reflexions détonnantes et surtout mon vocabulaire vulgaire ! Il faut dire que la vie, depuis 3 ans me poussait inéxorablement sur des chemins qu'on qualifieraient de "défendus" ; j'étais entrée tout doucement dans une espèce de marginalité involontaire et destructrice... Le 11 Novembre 1956 mon frère, de 6 ans mon aîné, s'est donné la mort, et mon enfance -au sens beau du terme avec tout ce qu'il implique d innocence et de bonheur tranquille, a pris brusquement fin, alors que je n'ai que 8 ans !!

Mes parents, ouvriers honnêtes et modestes, sont dépassés par la situation : mon père redouble de travail pour "oublier" le cauchemar qu'il a vêcu (mon frère qui vivait un "complexe d'Oedipe" dans ce qu'il a de plus radical, détestait mon père et ne voyait que ma mère...) ma mère, femme timide et nerveuse à la fois, se perd dans des démarches, et son travail... elle est déstabilisée par les évènements, et peut-être aussi, par une certaine culpabilité. Quoi qu'il en soit, elle se réfugie dans ses pensées , et ne me supportant plus, m'envoie jouer "dehors", sans se préoccuper vraiment des gens que je rencontre ou des lieux que je fréquente... Au début, ce sont les familles voisines que je harcèle, pour pouvoir partager les jeux, ou le travail des uns et des autres, l'essentiel pour moi, étant de ne plus être seule dans mon coin : j'ai envie de parler, de partager, de trouver une place ! Et puis, quand les voisins ne sont pas là, je fais le tour du village, parfois je vais très loin, pour trouver des copines, un ami, quelque chose à faire... c'est un cercle vicieux, car bientôt, j'ai une telle réputation, que les familles "bien" me ferment leur porte, redoutant que j'influence leurs bambins ! Donc, j'invente de plus en plus de stratégies pour exister et frôle constamment le pire, sans m'en rendre compte... je suis délurée certes, hardie, mais mon coeur est pur et quand ma mère, affolée quand même, par mes retours tardifs, m'envoye au lit "sans souper", en me disant que si je continue comme ça, j'irai en Enfer, je ne comprends rien au monde des adultes, qui ne me donne pas les moyens de vivre "autrement"...

Découverte du mystère de la grotte de Lourdes à l'occasion d'un pélerinage

Une de mes voisines, directrice de l'Ecole Catholique, m'a donné à lire l'histoire de Bernadette Soubirous. Je lis beaucoup quand je ne peux pas sortir : cette histoire m'a particulièrement émue. Je suis bonne élève, malgré mes écarts, et 1ère au cathéchisme : je crois en Dieu, et j'essaye, même si j'en n'ai pas l'air, de penser à Lui, de prier, et de faire des efforts pour devenir meilleure, mais apparemment, en vain ! 12 Août 1959 : La veille au soir, j'ai été sermonée par Sr M.Françoise, après avoir été punie parce que j'avais traité une de mes petites compagnes de Colonie de "grosse vache" (cela semblait un crime à l'époque !) Je suis à fleur de peau, je me sens comme une brebis galeuse à côté des autres, je n'en peux plus de cette descrimination, et le soir, quand les monitrices viennent dire bonsoir dans les dortoirs, à grand renfort de bisous, je suis la seule à qui, on ne jette pas même un regard.... C'est la première fois que j'identifie ma souffrance : elle est trop forte pour moi, elle me submerge et je m'enfouis sous mes draps pour pleurer ...
- "Il faut que tu changes Maryse, tu ne peux pas continuer comme ça !" me dit Sr M.Françoise, entre autres,
et moi, de lui répondre : -" Mais, ma Soeur, je ne pense qu'à ça, changer, je ne supporte plus de vivre, différente des autres je ne demande que ça "être une fille "bien", mais je n'y arrive pas, je ne sais pas comment faire..."
Sr M.Françoise marque un temps d'arrêt en m'écoutant, sa voix se calme et son regard s'adoucit ; elle a perçu ma détresse !
-" Ecoute, Maryse, demain on va en pélerinage au sanctuaire de Lourdes, demande à la Sainte Vierge de t'aider, sincèrement, avec tout ton coeur, et tu verras, Elle va t'écouter... elle va t'aider ! Promis ?"
Bien sûr que je promets ! Je suis partante pour toutes les aventures, et celle-là semble avoir une résonnance bien différente de celles que j'ai vêcues depuis 3 ans : Et si j'allais vraiment changer..??

Mon coeur est léger en allant vers la grotte de Lourdes : j'espère, pour la première fois de ma vie, et c'est déjà tellement intense que mes compagnes s'étonnent de mon silence dans le car : on se demande si je ne suis pas malade... La visite des lieux où vêcut Bernadette, le Cachot, l'histoire triste de son père mis en prison, sa fragilité, sa mauvaise santé, et l'hostilité dont elle fut l'objet au moment des premières apparitions, me révèlent brutalement un lien de comparaison avec moi, toutes proportions gardées : dans mon esprit, Dieu semblait proche des riches, des forts. Dans mon village, les gens qui allaient à la Messe, étaient les familles les plus aisées ; les gens modestes avaient quelque chose de "maudit"... Eh bien, je me suis trompée, La Vierge a choisi une gamine pauvre, démunie, inintéressante, c'est à elle qu'Elle livre de grands messages, et même son Nom : l'Immaculée conception . Mon Espérance grandit au fur et à mesure que mes yeux découvrent la réalité du Mystère de Lourdes, et mon coeur se dilate en entrant en "communion" avec Bernadette.

Immersion dans l'eau des piscines de Lourdes : vivre une rencontre miraculeuse avec la Vierge Marie ...

Quand nous arrivons aux piscines pour les bains, mon émotivité prend le dessus : le protocole est impressionnant, et quand je me retrouve au bord d'un bassin, chaque main dans celle d'une hospitalière, ,je tremble et ne vois plus rien... J'ai l'impression que je vais mourir ! L'hospitalière me dit doucement :"avant de descendre te baigner dans la piscine, recueille- toi bien, ma petite fille, ferme les yeux, et si tu as quelque chose de particulier à demander à la Sainte Vierge, eh bien, c'est le moment, parle lui avec ton coeur..." ...